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Les gens de Mauléon

Encore une chronique de Thérèse publiée hier, par la Dépêche du midi ! Un grand merci à Béatrice Bordonada, toujours au rendez-vous.

Quelle ambiance refléterait un village sans son bistrot ? Lieu de convivialité, ce dernier apporte de la vie aux endroits les plus reculés, où certains ont choisi de fonder un foyer, alors que d’autres sont partis construire leur destin ailleurs, là-bas…

À Mauléon-Barousse, j’ai connu quatre cafés, dont l’ensemble des villageois a franchi au moins une fois leurs portes.  D’aussi loin que je m’en souvienne, assise sur mon vélo à petites roues, je pédalais sur le carrelage de notre irréductible bistrot.

À ma droite, dominait l’immense comptoir, le long duquel, reposaient le distributeur de cacahuètes, la Dépêche du jour et les cendriers remplis de mégots. Tout autour, les hommes essuyaient la mousse collée à leur moustache. Ils conversaient avec les adeptes du Ricard, sans écarter ceux du Pastis. Soudain, Madame Vive me sourit, mais je tournai timidement la tête vers maman que je contemplai avec admiration. Dans son pantalon à pattes d’éléphant, ses chaussures aux semelles compensées et son chemisier à col pointu, elle avait glissé son foulard préféré dans ses cheveux. Entourée de ses amies, elle paraissait d’humeur badine. Sur la place, défilent alors devant mes yeux les silhouettes floues de Gustave, Alain, Daniel, Christian, Béatrice, Quinquin et Bibi, faisant de multiples allers-retours entre Palouman et le café des Pyrénées. Des sourires s’affichent sur leurs visages quand Gaby passe au volant de sa Renault huit Gordini. De ce temps, Valvule lance une blague et Jules dresse l’oreille en roulant son gris.

Les générations se sont succédées et les gérants aussi. Ce fut au tour de La famille Petit de nous accueillir, entourée de sa ribambelle de Teckels. Sur la terrasse, nous écoutions les grands, ces adolescents du moment qui échafaudaient des plans pour se construire un brillant avenir. Il y avait la belle Réjane, sa sœur Florence et Marie-Laure aussi. De l’autre côté de la route, Michelle et Roland se reposaient sur un banc, alors qu’Henri se tenait debout devant eux, coiffé de son chapeau en cuir. Tiens, voilà Brice qui accourt et Hervé qui le suit !  Et Dutronc chante à la radio : « C’est le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure… »

À cette période, nous ne pensions qu’à jouer au baby-foot et nous rendre aux fêtes des hameaux voisins. Des rires et des drames se jouaient autour de nos verres de coca. La jeunesse remplissait notre village et la liste serait bien longue à établir !

Vers qui se tournent mes pensées, à présent ? Avec leur bonhomie et leurs personnalités affirmées, nos joueurs de belote et de pétanque, nos chanteurs occitans et bien d’autres spécimens encore n’ont de cesse de me rappeler les personnages si attachants de Pagnol. Je m’amuse à croire que si Marcel Pagnol n’avait pas aimé sa Provence avec autant de passion, dans notre vallée, il n’aurait rencontré aucune difficulté à s’inspirer de ces diamants bruts, pour nous délivrer avec finesse, toute leur poésie !




 

 

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