« Un sentiment de sympathie réciproque qui ne se fonde ni sur la parenté ni sur l’attrait sexuel. », voici, ce que nous indique le dictionnaire. Quel sens donner à ce mot, dont l’être humain ne pourrait se passer ?
À notre arrivée au monde, nos premiers émois se tournent vers notre mère et le lien fusionnel qui nous unit à elle. Vient ensuite, la place du père, ce héros, symbole de force, toujours présent pour veiller sur son foyer. Quelques mois plus tard, nous voilà confrontés à l’épreuve du miroir. Ainsi, nous découvrons notre image dans son intégralité. De nouveaux sentiments s’éveillent pour couler les fondations de cette indispensable estime de soi. Quand vient l’heure de la crèche ou de l’entrée à l’école maternelle, nos yeux se portent sur « l’autre », au grand désespoir de nos parents qui perdent l’exclusivité de notre amour. De premiers liens se créent à l’extérieur du clan familial et ainsi de suite, tout au long de notre vie. Des sentiments forts, intenses, nous rapprochent de parfaits inconnus. Si nous ne choisissons pas nos liens du sang, nous avons notre libre arbitre en ce qui concerne "nos amis". Tout comme le temps, certains passent. D’autres seront toujours présents. Ces rencontres qui datent de la petite enfance, ou de l’adolescence ou bien encore de l’âge adulte, lesquelles sont les plus importantes à vos yeux ?
Il n’y a pas de réponse idéale, pour ma part, il est si aisé de croiser mes amis d’enfance et de reprendre avec eux, la discussion là où elle s’était arrêtée. Les barrières se lèvent, on se reconnait. Je sais d’où tu viens, tu sais qui je suis… devant mes yeux se superposent l’adulte d’aujourd’hui et l’enfant d’hier. Ainsi, la magie opère, les élans de spontanéité remontent à la surface. Je ne sais si c’est pour l’adulte que j’éprouve cette affection ou pour le petit bout de chou qui courait à mes côtés dans les ruelles de Mauléon. Il arrive quelquefois, que l’on n’ait plus rien à se dire, ou pas grand-chose ou pire encore que nos choix de vie soient aux antipodes les uns des autres. Mais peu importe, ce qui compte, c’est ce que nous avons partagé ensemble, les rires, les pleurs, les joies, comme fêter nos anniversaires au café du village, jouer à la marelle ou à cache-cache dans le labyrinthe de l’usine de bois, défiler en costume pour Mardi gras, sonner aux portes et s’échapper en courant… ainsi va la vie. Certains veulent se souvenir, d’autres pas !
Si je me penche à nouveau sur mon rétroviseur, ces trois-là apparaissent ! unis par l'attachement du sol, la terre de leurs ancêtres. Fiers de leurs origines montagnardes, leur authenticité m’a toujours séduite. Tout comme les trois mousquetaires, un pour tous, tous pour un… prêts à vivre l’instant présent. Pendant que deux s’adonnaient à des sports extrêmes, le troisième les attendait tranquillement devant un pastis. Il faisait mijoter une de ses petites blagues qui allait emporter ses deux compères dans un tourbillon hilarant.
L’entendez-vous résonner, le rire si particulier de Didier ? Comment l’oublier ? Cette joie de vivre a été emportée par un soir de juillet. Je ressens la peine des deux amis esseulés, tombés dans un puits sans fond. J’aimerais les serrer dans mes bras et leur dire d’une voix apaisée, que tout ça, n’est qu’un mauvais rêve. À cet instant, je pense, à tous ses amis, d’enfance, d’adolescence, de travail...amputés d’un membre et aux maisons de Sost, qui ont perdu un fils, mais ma sensibilité n’ose s’épancher sur la douleur indicible d’une mère et sur les larmes de sang qui coulent des yeux d’une compagne. C’est au-dessus de mes forces…
Épris de liberté, j’espère que les énergies de Didier ont rejoint le soleil. Avec naïveté, je souhaite que ses ailes lui permettent de voler à la vitesse de la lumière tout autour de la Terre, et que ses envies d’émotions fortes soient assouvies. En parlant d’envie, je me souviens qu’il aimait tant cette chanson : (Johnny Hallyday)
Qu’on me donne l’obscurité puis la lumière
Qu’on me donne la faim, la soif, puis un festin
Qu’on m’enlève ce qui est vain et secondaire
Que je retrouve le prix de la vie, enfin…
Au revoir, l’ami. Nous penserons souvent à toi...

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